Ce vendredi 17 janvier 2025 marque le cinquantième anniversaire de la promulgation de la loi relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Une loi qui n’aurait pas vu le jour sans des années de luttes féministes : la parution du « manifeste des 343 », le procès de Bobigny avec l’avocate Gisèle Halimi et le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et la Contraception (MLAC), porté par le Planning Familial et le MLF. Une loi qui a mis fin à 300 000 avortements clandestins chaque année, dans des conditions inhumaines, aux risques de complications très sévères, voire mortelles.
La constitutionnalisation de l’IVG : un vote historique pour les droits des femmes
En dépénalisant sous conditions strictes l’IVG, la loi Veil a pavé la voie à de longues années de luttes féministes et parlementaires pour reconnaître un droit à l’IVG et à la contraception, progressivement élargi et renforcé. C’est seulement en 1979 que la légalisation de l’IVG intervient définitivement, en 1983 qu’elle est remboursée. En 2001 le délai de recours à l’IVG est allongé à 12 semaines et les conditions d’accès aux contraceptifs et à l’IVG sont assouplies pour les mineures. En 2016, il est pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie. En 2017, le délit d’entrave créé en 1993 est renforcé. En 2022, le Parlement vote l’allongement du délai de 12 à 14 semaines de grossesse et reconnaît l’IVG comme un « droit ».
Enfin, ce 4 mars 2024, la France est entrée dans l’histoire en devenant le premier pays du monde à inscrire le droit à l’avortement dans sa Constitution. La France insoumise porte cette mesure depuis sa création et l’a mise à l’ordre du jour de sa niche parlementaire en 2022. La proposition de loi portée par Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire insoumis, avait été adoptée à l’Assemblée nationale puis au Sénat. Grâce à la forte mobilisation de toutes et tous dans la société, cette victoire a marqué une nouvelle étape pour garantir le droit à l’IVG !
C’est un signal très fort et un message d’espoir envoyé à toutes les femmes et féministes du monde entier qui se battent pour l’accès à ce droit comme aux États-Unis, en Pologne, ou en Italie, où les interdictions et restrictions du droit à l’IVG sont déjà à l’œuvre et ont des conséquences importantes sur les femmes, leur santé physique et mentale, et conduisent à une hausse des mortalités maternelle et infantile.
Résister aux attaques des anti-choix et du gouvernement contre le droit à l’IVG
Depuis la loi Veil, les velléités de revenir sur ce droit fondamental persistent. Ce 19 janvier, la « marche pour la vie », principale manifestation anti-IVG et anti-choix d’Europe, aura lieu à Paris à l’occasion des 50 ans de la loi Veil. Cette manifestation reflète la structuration des forces réactionnaires anti-choix depuis la Manif pour tous, rassemblées notamment au sein de l’organisation « Agenda Europe ». En France et partout dans le monde, ces organisations menacent les droits et la santé sexuels et reproductifs, s’opposent au libre choix de la maternité, prônent la relance de la natalité non-désirée et battent campagne contre le droit à l’avortement et l’éducation à la vie affective et sexuelle. Leurs modes d’action prennent des formes multiples : vandalisme, campagne de désinformation, édition de manuels scolaires, réalisation de documentaires, lobbying politique, etc. Ces mouvements anti-choix bénéficient d’importants moyens de financement et relais médiatiques, d’abord sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les médias traditionnels (Valeurs Actuelles, C8, Cnews, etc.). Les élites économiques utilisent leur empire médiatique pour diffuser cette propagande idéologique et leur fortune pour les financer, à l’instar par exemple du milliardaire Pierre Edouard Stérin et de sa levée de fonds, la « Nuit du Bien Commun ».
Ainsi, pendant que les associations féministes sont régulièrement attaquées et menacées, alors qu’elles sont financièrement impactées par les coupes budgétaires, les anti-choix prospèrent. Après le gouvernement de Michel Barnier, composé d’une cohorte d’anti-choix conservateurs majoritairement issus de la Manif pour tous et hostiles au droit à l’IVG, celui de François Bayrou n’est pas en reste. On y retrouve Catherine Vautrin, militante de La Manif pour Tous, nommée Ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles. Bruno Retailleau, Ministre de l’Intérieur, a voté contre la constitutionnalisation de l’IVG et s’est dit « rassuré » par François Bayrou sur plusieurs questions, dont l’éducation à la vie affective et sexuelle à l’école, à laquelle il s’oppose. Annie Genevard, Ministre de l’Agriculture et Philippe Tabarot, Ministre des Transport ont également voté contre la constitutionnalisation de l’IVG.
L’arrivée au gouvernement de ministres réactionnaires anti-choix présage du pire pour les droits et la santé sexuels et reproductifs, tout comme l’organisation de cette manifestation anti-IVG dans le silence complice du gouvernement. La France insoumise censurera le gouvernement Bayrou, tout comme elle l’a fait avec le gouvernement Barnier, et fera toujours de la lutte pour le droit à l’avortement et la liberté des femmes à disposer de leur corps l’une de ses priorités.
Ma vie, mon choix : le combat continue
Face à l’inaction du gouvernement et l’offensive réactionnaire des anti-choix, nous mettrons tout en œuvre pour garantir le droit à l’IVG et condamner le délit d’entrave. Nous continuerons à lutter contre les pénuries de pilules abortives, pour obtenir la réouverture des 130 centres IVG fermés, des maternités et hôpitaux de proximité, la disponibilité des praticiens appropriés, former les médecins à tous les actes et supprimer leur double clause de conscience.
Face aux campagnes de désinformation des anti-choix et l’entrave à l’IVG, nous luttons pour la mise en œuvre effective des 3 séances annuelles d’éducation à la vie affective et sexuelle prévues par la loi de 2001.
En Europe, plus de 20 millions de femmes n’ont pas accès à l’avortement. Tout comme nous nous sommes battu·es en France pour constitutionnaliser l’IVG, nous nous battrons pour que le droit à l’avortement gratuit et sûr soit intégré à la Charte européenne des droits fondamentaux.
Enfin, nous nous sommes battu·es contre le projet de loi asile et immigration et continuerons à dénoncer toute tentative de suppression de l’aide médicale de l’Etat (AME) permettant l’accès à la contraception et à l’avortement aux femmes migrantes.