Tous les sites

Coordination des Fédérations et Associations de Culture et de Communication

Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

La COFAC est une confédération qui rassemble plus de 40 000 associations œuvrant dans les différents champs de la culture tels que : le Patrimoine, le Théâtre, les Musées, la Musique, le Cinéma, les écoles de Cirque, les Foyers Ruraux, les MJC. Voici nos réponses au questionnaire que la COFAC nous a fait parvenir.

1. Quels seront les objectifs de votre politique culturelle si vous êtes élu ? 

Notre objectif est de permettre à chacune et chacun de développer un accès et une familiarité aux arts et à la culture, à la fois pour en faire l’expérience et pour pouvoir exprimer ses propres rapports sensibles et critiques au monde. 

Il s’agit pour toutes et tous de faire l’expérience d’une société et d’une culture créolisée, diverse et riche de cette diversité. Nous voyons le risque d’une uniformisation et d’une marchandisation de la culture et nous le refusons. Nous refusons qu’on qualifie la culture de « non essentielle », et que le travail de l’art soit méprisé et non reconnu, laissant ses travailleurs si précieux dans la précarité et la pauvreté. 

Nous faisons le pari qu’une société où tous les citoyens pratiquent et ont un rapport de proximité aux arts ne peut être qu’une société meilleure. C’est notre ambition. Nous sommes aussi partisans de la multiplicité de récits et d’imaginaires alternatifs aux mythes du capitalisme productiviste que garantit un service public des arts et de la culture fort. 

Ainsi, prenant en compte les évolutions contemporaines dans les pratiques et propositions artistiques et culturelles ainsi que l’absence de volonté politique dans le domaine depuis trois quinquennats, si ce n’est favoriser la marchandisation et le consumérisme, nous voulons proposer une nouvelle étape de démocratisation culturelle. 

Celle-ci, que nous développerons au fur et à mesure de vos questions, se base sur le retour d’un État qui permet et qui accompagne, avec les moyens nécessaires, qui garantit à celles et ceux qui portent la démocratisation culturelle (dont nous réfutons le constat d’échec porté par les libéraux) les moyens de mener leurs missions au mieux, et qui reprend les grands travaux dans la culture pour abroger les inégalités territoriales en matière de structure de création, de diffusion, de pratiques et de mémoire. 

Cette nouvelle étape aura également pour but de développer une écologie politique dans les arts et à la culture, notamment en accompagnant et en rendant obligatoire la bifurcation technique des pratiques.

Notre politique générale contribuera à redonner à chacun le temps et les moyens de développer une familiarité avec les arts et la culture, notamment en accroissant le temps libre avec la réduction du temps de travail tout au long de la vie, ainsi qu’en améliorant les salaires et les retraites. 

La politique culturelle de l’Union populaire et de son candidat Jean-Luc Mélenchon passe par la réinstitution d’un vrai service public des arts et de la culture. Il s’agit de faire primer le droit de toutes et tous aux arts et à la culture sur les logiques économiques (et sur la domination des grands acteurs privés recherchant le profit), de renforcer les administrations et établissements publics qui font vivre la culture partout, de garantir aux artistes et aux professionnels des arts le socle social leur assurant leur indépendance, et à accompagner les collectivités et les structures culturelles physiques dans une logique de long terme, de confiance, et d’encouragement d’une offre diverse sur tout le territoire. 

2. Quels moyens accorderez-vous à la réalisation de ces objectifs ? 

Nous nous engageons à porter le budget public des arts et de la culture à 1 % du produit intérieur brut. Il s’agit d’un effort budgétaire très important, qui doit permettre notamment de mettre en œuvre de grands engagements concrets de notre programme : priorité à l’éducation artistique et culturelle avec les recrutements et formations qui vont avec, conventionnement durable sur plusieurs années avec les associations et équipes artistiques, valorisation et soutien aux lieux physiques en assurant un maillage partout sur le territoire, extension de la gratuité d’accès, budgets publics pour conserver et valoriser le patrimoine.

S’agissant des travailleuses et travailleurs de l’art, nous mettrons en place des élections pour assurer leur représentation dans un centre national des artistes-auteurs. Celui-ci négociera une protection sociale adaptée à l’ensemble de ces professions, comme le fait l’intermittence du spectacle, dont nous améliorerons le régime sur la base du socle de revendication des occupations de théâtre de 2021. Nous veillerons également au respect et à l’application réelle des droits sociaux de ces travailleurs (conventions collectives, congés maladie, maternité/paternité, médecin du travail, droits à la formation, retraite etc.)

3. Quelle place accordez-vous aux acteurs associatifs du secteur culturel dans  votre projet politique ? 

Les associations culturelles et leurs membres seront au cœur de la nouvelle étape de démocratisation culturelle que nous proposons, et plus largement dans l’action publique dans les arts et la culture. Notre ambition est de créer des écosystèmes des arts et de la culture de proximité et du quotidien. 

Les associations animent des lieux de création, de diffusion artistique, de valorisation des patrimoines. Elles ont un rôle clé dans la médiation culturelle, l’éducation artistique et culturelle, ainsi que pour l’enrichissement des pratiques amateures partout en France – y compris dans les quartiers défavorisés, les zones rurales et les départements ultramarins. Nous sommes particulièrement attentifs à leur expertise s’agissant des publics éloignés des propositions culturelles, des publics “empêchés” (personnes en situation de handicap, personnes malades ou privées de liberté…). 

Nous souhaitons donc renforcer la coopération avec ces acteurs associatifs, et les moyens qui y sont consacrés.  Nous voulons également sortir de la logique désastreuse du “financement sur projet”, d’appels à projets qui bureaucratisent et fragilisent les associations culturelles. Nous souhaitons privilégier une logique de confiance et de long terme, avec des conventionnements durables, en évitant toute instrumentalisation par les financeurs.

Enfin, nous lancerons plus particulièrement un plan de formation et de recrutement dans les métiers de l’accompagnement et de la médiation culturelle de proximité, avec les associations culturelles et d’éducation populaire. 

4. Quelle place auront les pratiques amateurs dans votre politique culturelle ? 

Nous accordons une grande valeur aux pratiques amateures. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons conforter les associations (voir question 3), mais également les conservatoires, qui leur permettent de se développer (et de faire naître des vocations professionnelles), pour toutes et tous et partout : pouvoir cultiver ses talents ne doit pas être réservé à certains, parce qu’ils en ont les moyens financiers ou vivent dans les centres-villes. 

C’est dans cette approche que nous souhaitons incarner et faire vivre les « droits culturels » – et non dans le démantèlement des structures du service public des arts et de la culture comme cela a déjà été malheureusement le cas dans différentes villes au nom de ces concepts pourtant riches.

De façon spécifique, de même que nous comptons sur des services publics solides (écoles, centre national du cinéma, DRAC…) pour être des interlocuteurs fiables pour toutes celles et ceux qui “font” les pratiques culturelles amateurs, nous souhaitons la création d’un Centre national du jeu vidéo, qui pourra accompagner l’éducation et les pratiques amateurs dans cette forme artistique à part entière. 

À ce sujet, vous pouvez également retrouver la séquence sur la culture dans l’émission “Élysée 2022” de France 2, où Jean-Luc Mélenchon évoque la place que nous voulons donner à la pratique artistique dans notre projet de société : https://youtu.be/12tBuZap87g

5. Comment garantir la poursuite de la vie culturelle dans un monde durablement bouleversé par l’épidémie de COVID ? Vous engagez-vous à ce que le plan de relance culture et les dispositifs généraux accompagnant la reprise intègrent les  associations culturelles ?

Le soutien financier aux lieux culturels par le gouvernement actuel face à la crise du COVID n’a pas permis de rattraper des années d’austérité, ni la précarité sociale très répandue dans le secteur artistique et culturel.

Nous arriverons à 1 % du PIB consacré aux arts et à la culture par la puissance publique. Les moyens additionnels que nous dégagerons permettront d’accompagner la reprise et la relance du secteur dans le contexte créé par la pandémie ; au-delà, ces budgets permettent d’être ambitieux dans la durée. 

C’est tout un plan de revitalisation, comme le proposent de nombreuses structures et fédérations liées aux arts et à la culture, qu’il faut envisager. Il permettrait à la fois d’amortir cette période inédite et fragilisante, et de porter une véritable reprise qui amorcerait l’importance centrale que nous donneront les arts et la culture dans le quotidien.

Nous croyons aussi qu’il faut marquer une rupture avec l’attitude fermée et lointaine, qui a conduit à traiter les lieux culturels en activités « non-essentielles ». L’art et la culture sont plus essentiels que jamais. Les lieux culturels ont démontré qu’ils étaient sûrs face à la pandémie, nous comptons les accompagner et leur faire confiance.

Enfin, la pandémie a accéléré la transition vers les pratiques numériques. Nous serons très attentifs, dans les règles et dans les moyens, à défendre une diversité d’expressions culturelles. En particulier, il est fondamental de renforcer l’éducation artistique et culturelle au monde numérique et de porter des lois de déconcentration dans les industries culturelles.