Chantier 14 : Soutenir celles et ceux qui nourrissent la France
Les mesures de Place Publique :
- Réformer la PAC pour soutenir l’emploi et le revenu agricole, l’utilité écologique et l’agriculture familiale, en rompant avec le modèle des aides à l’hectare qui accroît les inégalités de revenus, en soutenant la conversion au bio, en plafonnant les aides comme en Espagne pour rediriger les fonds vers les petites fermes, les jeunes installés, les éleveurs ou l’agroécologie. Instaurer un revenu de transition écologique pour soutenir agriculteurs et pêcheurs passant au bio ou à des pratiques durables.
- Rééquilibrer la répartition des quotas de pêche pour favoriser la pêche artisanale et côtière, en créant des labels valorisant la pêche de proximité qui préserve les espèces et garantit l’emploi local. Protéger nos pêcheurs artisans par l’exclusion totale des méga-chalutiers de nos eaux côtières et faire en sorte que les aires marines protégées soient réellement protégées (chalutage).
- Réduire massivement les intrants chimiques et soutenir les alternatives durables pour rendre nos fermes plus autonomes, retrouver notre souveraineté.
- Imposer des mesures miroirs aux importations agricoles, contre le dumping social, sanitaire et environnemental, harmoniser les normes en Europe pour mettre fin à la concurrence déloyale au sein du marché unique, s’opposer aux traités comme le Mercosur qui placent nos éleveurs dans une situation injuste et intenable.
- Faciliter l’accès au foncier pour protéger les terres agricoles et permettre l’installation de nouveaux agriculteurs, inciter la reprise d’exploitations en soutenant la transmission des exploitations agricoles et des activités de pêche entre générations, afin de favoriser l’installation des jeunes, préserver les savoir-faire et maintenir des territoires vivants. Protéger les zones de pastoralisme et soutenir le stockage de carbone et l’agroécologie.
- Garantir le revenu des agriculteurs par la mise en place de prix planchers rémunérateurs, et en mettant fin aux contournements de la Loi EGALIM.
- Limiter la volatilité des prix en protégeant la production contre les crises, en constituant des stocks stratégiques pour éviter la spéculation et en créant une autorité européenne de contrôle des prix alimentaires pour lutter contre les pratiques déloyales et interdire les ventes à perte.
- Faire de la cantine le lieu d’accès universel à une alimentation saine, locale et bio, y offrir plus d’options végétariennes et des produits bio et locaux.
- Soutenir les expérimentations de Sécurité sociale de l’alimentation au niveau local pour garantir à tous un accès digne à une nourriture de qualité.
- Utiliser la fiscalité et l’information pour changer les comportements, rendre obligatoire l’affichage du Nutriscore à l’échelle nationale et européenne et taxer davantage les boissons trop sucrées.
- Lancer un Plan National pour l’Alimentation Solidaire pour permettre aux associations et aux bénéficiaires de récupérer plus facilement les invendus, grâce à une logistique partagée, une connexion en temps réel avec les donateurs, et une simplification des règles du don alimentaire.
Désaccord :
- Aucune remise en cause globale des traités de libre-échange qui favorisent la concurrence déloyale pour nos agriculteurs. Ce n’est pas étonnant de la part d’un groupe qui a voté pour les traités de libre-échange avec le Chili et l’Ukraine.
- Plutôt que de taxer davantage les produits dangereux pour la santé (souvent consommés par les classes populaires), L’Avenir en commun propose d’encadrer en amont les compositions afin de garantir à toutes et tous une alimentation de qualité.
Mesures moins-disantes ou absentes :
- L’Avenir en commun va plus loin avec une réforme structurelle de la PAC là où Place Publique s’en tient essentiellement à une réforme du foncier. Il donne des objectifs clairs sur la création de 300 000 emplois agraires, objectif non présent chez Place Publique. Pour la transition vers le bio, L’Avenir en commun prévoit la mise en place d’une caisse de défaisance (reprise de la dette des exploitations agricoles qui engagent la conversion bio) afin de sortir de l’incantation pour aller vers des mesures concrètes.
- Sur les pesticides et intrants chimiques, L’Avenir en commun propose d’interdire directement les plus dangereux. Rien de la part de Place Publique sur le sujet.
- Cantines scolaires : L’Avenir en commun vise 100 % bio et local, avec réduction des protéines animales. Place Publique reste vague, parle d’« offrir plus d’options végétariennes et des produits bio et locaux » sans objectif chiffré.
- Sur la vente à perte et les prix rémunérateurs, L’Avenir en commun va plus loin en mettant la grande distribution face à ses responsabilités, il propose d’encadrer ses pratiques qui génèrent des profits abusifs sur le dos des consommateurs et des producteurs.
Des objectifs flous :
- Sur la pêche, L’Avenir en commun assume de réorienter les financements et les quotas pour une pêche artisanale, durable et créatrice d’emplois, tout en interdisant les subventions à la pêche industrielle et à la surpêche, supprimant celles qui favorisent la pêche illicite. Le programme de Place Publique donne une direction sans objectif concret.
Chantier 15 : L’eau et les forêts symbole et biens communs essentiels aux français
Les mesures de Place Publique :
- Lancer un grand plan national pour renforcer la résilience des forêts : régénération naturelle et plantation d’essences adaptées au climat futur, lutte active contre les incendies, et fin progressive des coupes rases au profit de forêts mélangées.
- Engager une réforme en profondeur de la gestion des forêts privées, qui couvrent 75 % du territoire forestier : appui au regroupement des petits propriétaires, lutte contre la spéculation foncière, encadrement des rachats par des acteurs financiers ou étrangers.
- Miser sur une filière bois française durable, ancrée dans les territoires. Avec les Projets Bois Territoriaux, chaque région pourra structurer ses usages, créer de la valeur localement : faire du bois une ressource d’avenir.
- Lancer un Pacte Bleu pour les océans, protéger les écosystèmes marins et sanctuariser les zones protégées par l’exclusion des pêches destructrices, pousser un moratoire sur l’exploitation des grands fonds et l’interdiction d’extraction dans les zones polaires.
- Faire de l’eau un enjeu démocratique en rééquilibrant ses usages- agriculture, industrie, énergie- en planifiant les prélèvements, en modernisant les infrastructures.
- Refuser les méga-bassines au profit de solutions locales réfléchies avec les agriculteurs, et transformer les comités de bassin en véritables « Parlements de l’eau ».
- Instaurer une tarification sociale de l’eau, via les collectivités, avec des aides automatiques pour les foyers dont la facture dépasse 3 % des revenus.
- Adopter des règlements européens sur la qualité de l’air et de l’eau.
- Éliminer les produits chimiques dangereux en interdisant les pesticides les plus néfastes, glyphosate, néonicotinoïdes tueurs d’abeilles et objets du quotidien contenant des PFAS, tout en soutenant les alternatives non polluantes. Créer des zones sans pesticides autour des points de captage d’eau, des écoles et établissements sensibles.
Mesures moins-disantes ou absentes :
- Place Publique propose une réforme de la gestion privée des forêts (lutte contre la spéculation, appui aux regroupements). L’Avenir en commun est plus volontariste : il propose un droit de préemption public pour accroître la part de forêts publiques, réquisitionner les parcelles abandonnées, et reconstruire toute la filière bois dans une logique de souveraineté industrielle et écologique.
- Place Publique propose une réforme de gouvernance de l’eau et une planification des usages. L’Avenir en commun va beaucoup plus loin : il propose une « règle bleue », d’inscrire l’eau comme bien commun et la protection de l’ensemble de son cycle, y compris les nappes phréatiques, les rivières et les fleuves, dans la Constitution.
- Sur la tarification de l’eau, Place Publique propose une tarification sociale là où L’Avenir en commun propose d’inscrire l’accès à l’eau, son assainissement et le droit à l’hygiène comme droit humain fondamental : cela veut dire les premiers m3 essentiels à la vie gratuits et une tarification progressive et différenciée selon les usages.
Des objectifs flous :
- Sur les océans, la mise en œuvre de l’objectif de Place Publique n’est pas claire. L’Avenir en commun propose par exemple d’œuvrer à la création d’un droit international de la biodiversité marine.