Introduction
Par Clémence Guetté, Hadrien Clouet et Jean-Luc Mélenchon
Un programme historique
L’Avenir en Commun se présente d’abord comme un programme électoral. Il a été composé, mis à jour, et retravaillé à l’occasion de différentes élections présidentielles. Son point de départ est le programme l’Humain d’abord, porté par les insoumis et les communistes dans l’élection présidentielle de 2012. Puis, sous sa nouvelle forme, il fut celui des Insoumis dans les campagnes présidentielles de 2017 et 2022. Sur cette base, furent rédigés ensuite les programmes de l’Union populaire lors des élections législatives de 2022 et 2024. Ainsi, s’est progressivement constitué autour de ce texte un bloc électoral de plusieurs millions de personnes mobilisées en faveur d’une rupture franche avec le monde néolibéral.
S’il a pu y parvenir, c’est grâce à la méthode avec laquelle ont été sélectionnées ses 831 mesures pour tous les domaines de la politique d’une nation comme la France. Le programme vient de la société elle-même. Associations, syndicats, collectifs, scientifiques. En fait, tout a été produit déjà à partir des besoins concrets constatés par l’expérience et rendus populaires par leurs campagnes de mobilisation. Ces livrets de revendications, ces rapports, ces compte rendus d’auditions sont la matière première originaire et toujours renouvelée de l’Avenir en Commun. En 2020 et 2021, quand il a fallu préparer le scrutin présidentiel de 2022, deux consultations populaires ont été organisées avec plus de 15 000 contributions individuelles et des auditions thématiques d’acteurs de la société organisée.
Cette matière a été complétée au fil des années, au fur et à mesure que se renforçait la présence insoumise dans les institutions. De l’élection de ses 17 premiers députés insoumis, en 2017, à l’exercice de la présidence de la Commission des finances, de la Commission des affaires économiques et de deux vices-présidences de l’Assemblée nationale, en passant par l’installation d’un groupe au Parlement européen, la France insoumise n’a cessé de gagner en expertise de gouvernement. Les Insoumis savaient donc comment travailler quand le mouvement a décidé de répliquer par une motion de destitution du président Macron après son coup de force contre le résultat des élections du 7 juillet 2024. En prévision d’une élection présidentielle anticipée, les deux groupes parlementaires et les groupes thématiques de son mouvement ont accéléré leurs travaux de mise à jour annuelle du programme. L’objectif était double. D’une part mettre à jour les propositions pour ajuster au niveau des destructions de deux années supplémentaires de gouvernements Macron. D’autre part, les compléter pour tenir compte des nouvelles attentes dans notre société. L’Avenir en Commun est ainsi à la fois un programme de rupture avec un ordre écologique et social et un plan d’action gouvernemental.
Dans sa nouvelle mouture, 143 mesures ont été ajoutées et 120 mesures précisées. L’architecture générale a été revue pour mettre en valeur la cohérence de notre proposition au peuple français. D’abord vient la méthode : faire la révolution citoyenne. C’est-à-dire rendre aux citoyens le contrôle sur le pouvoir dans la société. Ensuite, son contenu : l’harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature. Enfin, une proposition à mettre en partage avec les peuples du globe : ordonner le monde.
Mais l’Avenir en Commun est aussi un programme historique. Par sa longévité, il est devenu le point de référence de millions de personnes qui aspirent à une autre organisation du monde. Les débats et mêmes les polémiques qu’il a provoqué, les explications qu’il a suscitées, les livrets thématiques, plans d’action, propositions de loi et amendements qui en sont directement issus l’ont montré : cet autre monde est possible. En ce sens, il n’est pas le traditionnel catalogue de promesses politiciennes fabriquées par une agence de communication. On connaît ! Ce sont des gadgets faits pour durer le temps d’une campagne et abandonnés sitôt le scrutin passé. L’Avenir en Commun ne fournit pas non plus clefs en main la description détaillée et merveilleuse d’une société idéale. Son objectif est plus précis. Il propose à des millions de gens une transition concrète et praticable depuis cette société d’injustices vers une autre faite d’entraide et de partage. Il propose à ce qui est encore seulement en germe dans la société les outils pour entrer définitivement sur la scène de l’histoire. Il est le programme d’une nouvelle France : celle du peuple éliminé de tout pouvoir aujourd’hui, et celle qui peut naître à partir de ses exigences.
Une nouvelle France
Chaque génération est un peuple nouveau. Cet énoncé a l’allure d’une évidence banale. Mais combien de fois dans l’histoire humaine un peuple a-t-il été autant transformé que le nôtre aujourd’hui ? Songez-y ! Cela donne le vertige : le 1er juin 1958, il y a près de 67 ans, le Général de Gaulle prenait le pouvoir en plein chaos institutionnel provoqué par la guerre de décolonisation de l’Algérie. C’est l’acte de naissance des institutions de la cinquième République. Depuis, trois générations se sont écoulées. Un battement de cil à l’échelle de l’histoire profonde des humains et même de notre pays. Et pourtant, la France a tellement changé ! Davantage peut-être en six décennies qu’en deux siècles auparavant. Elle dessine des contours jusqu’ici inconnus pour un peuple. Comment penser que des outils formés pour la France de 1958 soient toujours adaptés pour celle de 2025, de 2026 ou de 2050 ? La réalité sociale, les besoins, les aspirations, les problèmes sont si différents !
Commençons par le plus important, et probablement la rupture dans la condition humaine la plus énorme de l’époque : la condition humaine féminine. En 1958, les femmes ont besoin de l’autorisation de leur mari pour ouvrir un compte bancaire ou travailler, elles n’ont aucun accès légal à la pilule contraceptive ni à l’avortement. Il n’y a pas de divorce par consentement mutuel ni d’autorité parentale conjointe. Une mère ne peut pas transmettre sa nationalité à son enfant. Le viol conjugal n’est reconnu comme un crime qu’en 1990 et la parité pour les mandats électoraux pas avant l’an 2000. En somme, à l’aube de la cinquième République, les femmes étaient des citoyennes de seconde zone.
Depuis, c’est comme si avait eu lieu une révolution de libération nationale sur notre propre sol ! La moitié de la population s’est vu attribuer des droits élémentaires dont elle était privée : son autonomie, sa possibilité de construire sa vie de manière indépendante. En moins de 70 ans, les femmes ont profondément révolutionné leur condition. À lui seul, ce fait marque un changement d’époque, et même une nouvelle ère. Le sexisme n’a pour autant pas disparu. Il a muté. Dans le monde du travail, les femmes sont traitées par le capital comme des salariées subalternes. Les femmes touchent en moyenne 23 % de moins que les hommes. Elles occupent 80 % des emplois à temps partiels et représentent les deux tiers des salariés au salaire minimum. Les femmes s’occupent toujours majoritairement du travail domestique et, même dans la sphère marchande, le travail du soin, de la reproduction de la société est moins reconnu.
Mais ce n’est pas le seul des changements. Le peuple français de 2025 a été largement brassé. Rendons nous compte : en 1958, un Français sur dix avait au moins un grand parent étranger. Désormais, c’est un sur quatre. Tant de Français, tant de Françaises ont des liens personnels intimes avec le vaste monde. C’est un atout. Tant ont amené au pot commun leurs plats, leurs musiques, leurs mots, leurs poésies. Oui, la France est une nation créole. Sa culture est une invention permanente aux multiples racines. Mais le fait ne concerne pas seulement l’immigration de l’extérieur de nos frontières nationales. En 1958, nous sortions tout juste d’un monde millénaire où l’on vivait et mourait à l’endroit où l’on était né. Maintenant plus d’un adulte français sur deux vit dans un département différent de celui où il est né. La France n’est plus la même et ne le sera jamais plus ! Son présent et son futur ne seront plus jamais un passé toujours recommencé.
Une nouvelle condition sociale
Les changements économiques, sociaux, institutionnels, anthropologiques des 70 dernières années dessinent une nouvelle condition sociale. Son premier trait c’est l’entrée dans le changement climatique : il est irréversible. Il amène avec lui son lot de catastrophes « naturelles » dont les conséquences sont bien sociales. Quand le cyclone Chido tue tant de monde à Mayotte et dévaste tous les habitats de fortune, c’est une condition sociale qui s’expose plutôt qu’une inévitable fatalité. Quand les compagnies d’assurance se retirent de chez certains, quand l’eau ne coule plus au robinet, quand les pics de pollution de l’air sont toujours dans les quartiers populaires : c’est l’expression d’une nouvelle forme de la lutte des classes pour le bien-être. De même pour la nouvelle condition sanitaire issue de notre rapport morbide à la nature. La malbouffe, les épidémies de diabète, d’obésité, les pandémies déclenchées par les zoonoses ne frappent pas riches et pauvres à parts égales.
La jeunesse est aussi devenue à part entière une condition sociale discriminée par l’âge. Bien sûr, elle conserve en son sein des inégalités fondamentales entre les jeunes héritiers et les autres. Mais le néolibéralisme s’est servi de cette classe d’âge comme chair à précarisation. D’années pour choisir sa vie, expérimenter et s’installer, la jeunesse a été transformée en années de galère. Un jeune sur deux qui travaille le fait sous un contrat précaire quand cette situation concerne en général un actif sur cinq. L’accès aux études supérieures a été transformé en course d’obstacles. Les jeunes de l’enseignement professionnel sont traités comme une main-d’œuvre sous payée avec la généralisation aveugle de l’apprentissage. Les jeunes sont aussi les premières victimes de l’accumulation engendrée par la spéculation sur le logement. Un jeune locataire dépense en moyenne la moitié de son revenu pour payer son loyer. Quant à devenir propriétaire du logement qu’on habite, c’est tout simplement hors d’accès pour une grande partie des jeunes. Résultat : accéder à l’autonomie est devenu une lutte. L’âge moyen du premier emploi stable est passé de 20 ans dans les années 1960 à 27 ans aujourd’hui. Et la moitié des femmes et hommes majeurs de moins de 30 ans sont contraints de vivre encore chez leurs parents. Ainsi, l’expérience concrète des premières années de l’âge adulte a été totalement transformée. Plutôt qu’une antichambre de la vie, c’est devenu un paroxysme de la maltraitance néolibérale.
La classe ouvrière n’a plus le même visage. Le salariat a totalement changé. Le capitalisme s’est réorganisé pour tenter de faire face à son ralentissement productif et aux résistances sociales. Les grandes concentrations industrielles intégrées, bastions du syndicalisme ont été éclatées, disséminées, délocalisées. La classe des exploités existe toujours, et elle est toujours majoritaire. Mais les ouvriers, qui représentaient 39 % de la population au début des années 1960, ne sont aujourd’hui plus que 21 %. Parmi eux, un sur deux travaille dans le secteur de la logistique et des transports. L’ouvrier du flux soumis à des cadences et à un contrôle qui n’ont rien à envier aux chaînes de montage d’autrefois est une figure centrale du monde du travail de notre époque. Tout comme l’est celle de l’employé de la grande distribution, l’auxiliaire de vie, l’aide-soignante, l’agent d’entretien, le livreur et tant d’autres. Il n’y avait aucun travailleur ubérisé en 1958. Ils sont 300 000 dans la France de 2024. Ils et elles ont rejoint les soudeurs, couvreurs, maçons, métallos dans les rangs des premiers de corvée. À l’origine de toute la richesse de notre pays, ils sont les plus mal payés, précarisés et méprisés, et ce malgré un niveau de qualification et d’instruction plus élevé. Ils constituent la nouvelle classe ouvrière.
Cette nouvelle identité française s’exprime enfin dans la nouvelle condition urbaine du peuple français. 80 % de la population française vit en ville. C’était 55 % en 1958. Mais surtout, le rapport à la ville a changé. Elle est devenue une ressource ou une source d’exclusion. Car accéder aux bonnes villes, aux bons quartiers, c’est aussi accéder aux bons médecins, aux bonnes écoles, aux bons transports comme à tous les réseaux indispensables à la vie moderne. En être exclu, c’est l’inverse. De sorte que la condition populaire urbaine peut se décrire par ses déserts. Pas de médecin, pas de gare, pas de banque, pas d’école : on énumère ce qui manque. Cette réalité sociale traverse de larges parts de la population, des quartiers populaires à la ruralité, des couronnes périurbaines aux sous-préfectures. Elle signale l’entrée de notre pays dans une nouvelle condition sociale : l’ère du peuple.
La nouvelle France s’affirme
Voilà la nouvelle France, telle qu’elle est. Elle existe déjà en soi. Elle ne désigne pas une petite partie avant-gardiste de la population ! Au contraire, l’ensemble du peuple est impliqué. Il est défini par son conflit d’intérêt avec l’oligarchie. Celle-ci s’est approprié les réseaux collectifs dont dépendent la vie quotidienne. Ce peuple prend conscience de lui-même lorsqu’il engage activement la lutte pour le droit à l’autonomie individuelle et au contrôle de soi. Ces dernières années, le mouvement réel de la « nouvelle France » a été puissant sur de multiples fronts. La lutte féministe bien sûr, dont la nouvelle vague est à la pointe du combat pour la liberté. La lutte antiraciste a montré le beau visage de l’aspiration à l’égale dignité. La mobilisation pour la paix et la justice en Palestine a exprimé le lien invisible et bien réel qui se forme entre les opprimés sans droits du monde entier. La révolte des Gilets jaunes, partant d’une condition typiquement urbaine, a fini par proposer un programme de partage des richesses et du pouvoir global. Notre pays a aussi été traversé de mobilisations locales contre la fermeture de services publics, des mobilisations pour un plan d’urgence pour les écoles de Seine-Saint Denis aux manifestations historiques pour la réouverture des urgences et la défense de l’hôpital public à Carhaix. La lutte de la nouvelle France, c’est aussi le mouvement historique par son nombre contre le vol de deux ans de vie par Emmanuel Macron retardant l’âge de départ à la retraite à 64 ans.
Non, le peuple français n’est pas endormi, apathique, résigné. Il entre régulièrement en action dans la période récente. Chaque nouvelle éruption témoigne des tentatives de la nouvelle France de faire jaillir le nouveau monde dont elle a besoin. Il lui manque pour l’instant sa cohésion. Pour réussir, elle ne doit pas rester une mosaïque fragmentée. Elle doit s’unir et proposer des objectifs communs. Seules ses revendications peuvent la fédérer. Quoi d’autre ? La couleur de la peau ? Elle se bat précisément contre le processus de racisation des groupes et des individus. La religion ? Le peuple français compte en son sein de nombreuses religions différentes, des gens sans religion et pour cette raison adopte pour règle commune la séparation du religieux et du politique. Une langue ? Mais la langue française est en partage avec 28 autres pays et 500 millions de locuteurs. Des traditions culturelles immuables ? Ce serait épouser l’illusion d’une culture française figée dans le passé quand la réalité de la créolisation rebrasse en permanence par de nouveaux apports depuis deux millénaires. Tout cela divise. Ce qui est devant nous nous unit puisque nous devons le faire ensemble.
Faire peuple
Nous devons tous surmonter la crise écologique. Il y a un seul écosystème compatible avec la vie humaine donc il y a un intérêt général humain. La vie humaine n’est pas séparée du reste de la nature. Elle est toute entière enchâssée dans les cycles biologiques, biophysiques et géologiques qui l’ont vu naître. Ces cycles sont aujourd’hui perturbés par une réalité destructrice : le capitalisme. Sa logique infernale est celle d’une soumission de tous les rythmes, humains et non humains, au seul cycle du profit lui-même en accélération permanente. Il faut remettre en harmonie les cycles de notre production, de notre consommation et de nos échanges avec les grands cycles écosystémiques. Découle de ce but la règle verte : ne jamais prendre à la nature davantage qu’elle ne peut reconstituer sur une période donnée. Mais ce n’est pas tout : il faudra aussi réparer les dégâts, régénérer là où c’est possible, la nature détruite. Pour cela, la nouvelle France doit se fixer l’objectif de rompre avec le capitalisme. Et de substituer à la dictature des actionnaires un outil d’intérêt plus collectif pour guider l’économie : la planification écologique.
Changer le rapport à notre inclusion dans le monde naturel, c’est aussi ouvrir le chapitre d’une nouvelle ère des droits : les droits de l’espèce humaine. Cette expression désigne les droits associés à notre nouvelle condition écologique d’êtres humains. C’est le droit à l’eau potable et à l’air pur. Ou celui à un accès sécurisé et garanti à une alimentation saine. Mais aussi le droit à la nuit et au silence sans lesquels nos organismes ne peuvent pas rester en bonne santé. Il s’agit de la nouvelle frontière des droits sociaux. Ils impliquent la rénovation des logements passoires, la conversion de notre agriculture, l’éradication de la pauvreté, la gratuité de la cantine scolaire, la gestion commune de l’eau et de son assainissement. Les droits de l’espèce appellent un bouleversement du rapport à la propriété et à l’action publique.
Puisque nous entrons dans une période de grande incertitude, il nous faut construire la société de l’entraide. Cette aspiration existe déjà. La nouvelle France mettra en place une révolution fiscale pour répartir l’effort entre tous selon les revenus. Elle fera enfin payer aux ultra riches une juste contribution. Elle relèvera l’hôpital, l’école et débutera une nouvelle ère d’extension des services publics. Ils doivent vraiment garantir à chaque personne l’égalité d’accès aux droits et aux réseaux essentiels à la vie moderne. Et cela quel que soit son statut, ses revenus, son patrimoine, son lieu d’habitation. Sur ce plan la France est revenue en 1788 : la dette publique due aux cadeaux faits aux ultra riches est impayable, les privilégiés refusent de prendre leur juste part à l’effort nécessaire et le monarque agit pour un retour au pouvoir absolu.
Pour faire tout cela, il faudra profondément changer de logique économique. Fini la compression des salaires, la précarisation des statuts, la maltraitance sociale et la panne d’investissements. La relance de l’activité par la consommation populaire et l’investissement public entraînera les entreprises par leurs carnets de commandes. Notre indépendance doit être un objectif de la politique économique. Ce que nous pouvons, nous devons le produire nous-même. L’instauration d’un protectionnisme solidaire protègera l’industrie d’une concurrence déloyale ou fondée sur le non-respect des droits humains ou l’extractivisme forcené. La réindustrialisation n’est pas un objectif général en soi : c’est un moyen pour construire une économie au service des besoins qu’il faut nommer et dont il faut planifier la satisfaction.
Pour finir, il faut bien s’y résoudre : pour que cela change, il faut tout changer. Et d’abord le plus important : le pouvoir. Il faut en finir avec des institutions qui permettent aux dirigeants de piétiner la souveraineté populaire, même lorsqu’elle s’exprime dans des élections. À nouvelle France, nouvelle république. La convocation d’une assemblée constituante pour passer à la 6e république est une manière pour elle de se refonder et de faire peuple. Elle se dotera des institutions adaptées à ses défis et non taillées pour ceux d’il y a trois générations. Elle se reconnaitra des droits communs au premier rang desquels celui d’avoir toujours des moyens d’intervenir dans les institutions : référendum d’initiative citoyenne et référendum révocatoire. La nouvelle Constitution sera l’occasion de graver dans le marbre la liberté de chacun pour choisir entièrement sa vie : droit à l’avortement, liberté de genre et droit à mourir dans la dignité.
La France est faite depuis toujours du bois dont est fait ses habitants. Nous qui l’incarnons aujourd’hui, nous avons tous la France en nous. Nous sommes tellement fiers lorsque dans le monde on regarde la France parce qu’elle a fait quelque chose d’utile. Notre cœur se serre quand ses dirigeants l’humilient ou lui font endosser des positions contraires à nos principes universels. Nous voulons continuer avec enthousiasme l’héritage français si c’est celui de la Grande révolution, des droits humains, de la lutte contre l’esclavage ou de la résistance au nazisme. Mais nous voulons aussi assumer l’héritage universel des luttes contre la domination coloniale. La France est pour nous trois mots : liberté, égalité, fraternité. Alors si une nouvelle France doit naître, c’est pour les réaliser pleinement. La France est à nous. Nous tous.